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Cueilleur d’épiphanies, lumière et verbe.

« Un temps portègne » interroge.

L’expression même.
« un », regard, le mien.

« temps ». Ici, je témoigne parfois d’une actualité, souvent d’un engouement pour un livre, des images, un spectacle, de ce qui me saisit et des liens qu’intuitivement « cela qui me saisit » étend vers d’autres oeuvres, d’autres pratiques, et des émotions de semblable intensité.
Faire lien, étendre l’épiphanie n’est pas expliquer, et témoigne encore moins d’une forcenée croyance que tout doit, ou peut l’être.
Faire lien, révéler, inciter, suggérer comporte sa part d’échec, d’impertinence, et de non-pertinence. Faire lien nécessite aussi de pétrir le vertige du temps. De le prendre.
C’est un regard déporté, curieux, en désir, un près/loin.

« portègne » dit ce lointain. Apparait dans quelques romans de Roberto Bolano, pour désigner un ailleurs, un pays antipode, une ville, le Tango, des hommes et des femmes. Ecrire de loin est une disposition d’esprit.

JV

« De nombreux livres nous y avaient préparés. Nous nous étions entraînés dans les bois et les champs, en secret, à la nuit tombée, et avions fait abstinence, nous privant même des oiseaux dont nous raffolions. Nous étions prêts et pourtant nous fûmes vaincus. Et vaincus nous disparûmes.

On avait pu nous voir oisifs et sereins déambuler le long des haies ou bien, affairés, transporter de l’herbe encore humide, des métaux, rassembler les matériaux, aller et venir, récolter le pavot, résister au vent, à la pluie, combattre nos ennemis, nous préparer au voyage, astiquer le véhicule, puis, au matin, trembler et geindre.

On aurait pu nous voir. »

E. Savitzkaya, la Traversée de l’Afrique (Editions de Minuit)

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